pas si petit

«
C’est du joli», 12e album du Petit Spirou, nous offre une série
d’histoires très amusantes qui n’hésitent pas à sortir
de la tradition de la BD familiale. D’abord, précisons une chose:
le Petit Spirou n’est pas un album réservé aux jeunes enfants.
Les auteurs, Tome et Janry, le disent. Leur album est pour toute la famille. «Il
ne faut pas se le cacher», dit Tome,
qui a écrit l’histoire.

Tous les titres des albums du Petit Spirou sont des ordres de parents: Dis
bonjour à la dame, N’oublie pas ta capuche, C’est pas de
ton âge!, Demande à ton père!,… Le dernier album n’échappe
pas à la règle.

Grand mamy en vedette

C’est du joli! est une histoire courte de 6 planches et d’une quarantaine
de gags en une page. On y retrouve pour notre plus grand plaisir les personnages
habituels du Petit Spirou: les copains (Vertignasse, Masseur….), les madames
(l’irrésistible Mademoiselle Chiffre,…) et les imbéciles
(Désiré Mégot, prof de gym fainéant; l’abbé Langélusse
et Melchior Dugenou). Dans cet album, la grand mamy tient la vedette. Elle
a mauvais caractère et surtout elle perd la mémoire. Elle dirige
fermement son petit monde. C’est l’occasion pour Tome et Janry
d’aborder avec beaucoup d’humour les problèmes de la vieillesse. «J’perds
pas la mémoire», hurle la vieille dame. «C’est seulement
quand j’essaie de me souvenir que ça va pas!» Dans une autre
histoire, la grand mamy défend l’entrée de sa cave où elle
a caché des aviateurs alliés. «Le plus dur fut d’expliquer
que la guerre était finie depuis soixante ans», explique, philosophe,
le jeune gamin.

En string

A ceux qui trouveraient la dernière couverture, représentant
une jolie femme en string, un peu trop osée, Tome tient à les
rassurer: ce n’est pas de la provocation gratuite. «Le but est
de faire sourire. En même temps, on peut parler de sujets qui sont autant
de sources d’interrogation pour les enfants. Cet album de BD n’est
pas là pour donner un message éducatif. Mais, par exemple, en
mettant en scène le personnage de l’abbé Langélusse
(le gardien vigilant des âmes qui vivent à l’ombre du clocher’)»,
on peut illustrer les comportements de certains commandeurs de la foi actuels.».
Tome et Janry ne se livrent pas à des études de marketing pour
connaître les désirs de leurs lecteurs. «Il faut parfois
risquer de se prendre une «gamelle». Ce qui compte c’est
de surprendre.» Cette formule leur réussit plutôt puisque
leur héros séduit un large public. Après chaque gag, Tome,
qui est, selon ses propres dires, censé être responsable de la
création des gags, pense qu’il n’en trouvera plus. Heureusement,
cette angoisse de la page blanche s’efface rapidement.

Vincent Thomasson