Photo: J.-L. Flémal |
La révolte gronde dans les écoles
fondamentales de l’enseignement
libre. En novembre dernier, 400 directeurs d’école ont créé une
cellule des directeurs submergés. Tous ensemble, ils ont aussi démissionné,
symboliquement. Ils voulaient ainsi exprimer leur ras-le-bol à propos
de leurs conditions de travail.
La scène se passe dans une école
de la région de Thuin.
L’instituteur parle du chocolat à des petits de 5 ans. A plusieurs
reprises, l’enseignant doit arrêter la leçon pour répondre
au téléphone ou à une question urgente d’un collègue
ou encore pour accueillir le président du Pouvoir organisateur. Dans
de telles conditions, il est difficile d’être attentifqui veille, qui protège à sa
leçon.
Et c’est comme ça presque tous les jours… Parce que cet
instituteur est aussi le directeur de cette école de 176 élèves.
Depuis 5 ans, il occupe les deux fonctions, ce qui lui prend tout son temps
de travail
et même une partie de son temps libre.
En effet, en plus d’être
un bon enseignant, le directeur doit aussi être
un expert en science administrative. Il doit être capable de décoder
et d’appliquer les très nombreuses circulaires que lui envoie
la Communauté française. Il doit aussi rédiger de nombreux
rapports et prendre souvent part à des réunions. Enfin, il doit
accueillir et écouter les parents, mais aussi être capable de
faire de petites réparations dans son établissement.
Des aides administratives
Aujourd’hui, ce “superman de l’éducation” craque!
Depuis des années, on lui promet une revalorisation salariale et un statut
digne de ce nom. Le précédent ministre de la fonction publique,
Rudy Demotte (PSParti socialiste), avait pourtant commencé à concrétiser
ces promesses. Mais le projet est tombé à l’eau lorsqu’il
est devenu ministre. Son successeur, Christian Dupont (PS), a alors repris le
dossier. Très vite, il a dû faire face aux revendications des
directeurs.
Leur première exigence est d’obtenir une aide administrative. Aujourd’hui,
cette aide n’existe pas vraiment. Dans le meilleur des cas, les directeurs
peuvent compter sur l’aide d’un TCT qui n’est là que
pour une durée de 3 ans. Passé ce délai, ce travailleur
doit laisser la place. Il faut alors tout recommencer avec un nouveau venu. Tous
les pédagogues sont d’accord pour dire que c’est durant les
premières années de scolarisation que se joue l’apprentissage
de la lecture et la formation de l’esprit des enfants. Et pourtant, c’est à ce
niveau-là que l’Etat investit le moins.
Enfin, des propositions
L’exemple suivant parle de lui-même: un établissement de 500 élèves
en primaire peut disposer d’un emploi de directeur à plein temps
ainsi que d’un poste administratif à mi-temps. Pour un même
nombre d’élèves, le directeur d’une école secondaire
peut avoir une équipe de 10 à 15 personnes! Les directeurs du fondamentaltrès important, de base
demandent donc au ministre de pouvoir obtenir, au moins, un emploi à plein
temps par tranche de 500 élèves. Le ministre Dupont a fait ses
comptes: pour répondre à cette demande il faudrait 25 millions
d’euros. Or, la Communauté française n’a pas cette
somme pour l’instant.
Le ministre fait d’autres propositions. Une cellule composée de
juristes va être mise en place pour aider les directeurs à traiter
les circulaires. La quantité de circulaires va aussi être réduite.
Par ailleurs, il est prévu d’accorder un plein temps administratif
aux écoles d’ici 2007. Les directeurs ont aussi reçu la promesse
d’une augmentation de salaire. Plusieurs rencontres entre le ministre et
les directeurs ont déjà eu lieu. Les discussions semblent mener à un
compromisdécision prise après une discussion où chacun a abandonné une partie de ce qu'il voulait pour trouver un accord. Mais rien n’est définitif et les directeurs resteront
vigilants dès la rentrée de janvier. Sinon ils promettent de faire
du chambard…
Thierry Vangulick