Dans un rapport publié vendredi 8 juin, le Conseil de l’Europe accuse la Pologne et la Roumanie d’avoir autorisé sur leur territoire des prisons secrètes de la CIA entre 2002 et 2005. Après les attentats du 11 septembre 2001, ces services secrets américains agissaient au nom de la « guerre contre le terrorisme.
En 2005, un journal américain révélait que la CIA avait organisé des vols secrets en Europe. Et que des prisons secrètes existaient en Europe. Normal que des services secrets agissent en secret. Ce qui est peut-être moins normal, c’est que des gouvernements européens, démocratiques, collaborent avec la CIA sans respecter le droit international ni la Convention européenne des droits de l’homme qu’ils ont signée. C’est pourquoi le Conseil de l’Europe a fait une enquête. C’est un sénateur suisse, Dick Marty, qui en a été chargé. En juin 2006, il avait publié un premier rapport: 16 pays européens étaient pointés. Ils ont collaboré en secret et dans l’illégalité avec les Etats-Unis. On parle alors de la « toile d’araignée de prisons secrètes et de transferts illégaux de prisonniers ». En septembre 2006, le président américain G. Bush a reconnu ces prisons et ces transferts de prisonniers. Des pays européens, comme l’Allemagne, la France ou le Royaume-Uni connaissaient les vols secrets mais ils n’ont rien dit. Dick Marty a continué son enquête. Et ce vendredi 8 juin, Dick Marty a publié un nouveau rapport. Cette fois, il accuse précisément la Pologne et la Roumanie. Dans ces 2 pays, la CIA a utilisé des bases aériennes pour interroger et torturer des prisonniers suspectés de terrorisme. Selon le rapport, le 17 septembre 2001, quelques jours après les attentats du 11 septembre, le président Bush a signé un décret secret. Ce décret donne à la CIA « des protections et des permissions aussi larges que possibles. » Pour n’avoir aucun contrôle, même américain, la CIA a donc utilisé des bases secrètes européennes.
Pour le Conseil de l’Europe, il y a 2 choses choquantes. D’une part, certains gouvernements de pays européens n’ont pas respecté le droit international et surtout la Convention européenne des droits de l’homme. Les prisonniers interrogés n’ont eu aucun droit à la défense. Ils étaient pourtant suspects d’actes terroristes, et pas encore jugés. D’autre part, les autorités des pays européens ont tout fait pour empêcher que l’on connaisse la vérité. Le président de l’Assemblée parlementairepersonne élue par la population et qui la représente a déclaré : « les gouvernements européens ont utilisé des méthodes antidémocratiques pour cacher leurs actes et empêcher les enquêtes parlementaires et judiciaires. » Les parlementaires des 47 pays du Conseil de l’Europe discuteront de ce rapport fin juin.
Plus d’infos :
Dans nos archives, l’article « CIA, Scandales » en juin 2006
Sur le site du Conseil de l’Europe, le dossier complet
http://www.coe.int/T/F/Com/Dossiers/Evenements/2006-cia/