vendredi 17 mai 2024

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Poutine fausse le jeu

Le 7 décembre, les Russes ont voté pour élire les membres
de la Douma. Ce sont les quatrièmes élections depuis la chute du
communisme. Les opposants au gouvernement de Vladimir Poutine l’accusent
de tout faire pour les empêcher de s’exprimer. Le Président
russe, lui, s’appuie sur sa lutte contre les “oligarques” pour
s’assurer le soutien de la population.


Le président de la Douma en campagne (Photo:
Belga)

Vingt-trois partis sont en concurrence pour les 450 sièges de la Douma.
Malgré cette diversité, plusieurs éléments démontrent
la méfiance de la population envers les politiciens. Selon un sondage
réalisé en octobre dernier, 51% de la population estime que la
Russie n’est pas un pays démocratique. 69% des personnes interrogées
pensent que les élections n’apporteront aucun changement. Pire encore,
le 6 octobre dernier, 27% des électeurs seulement se sont déplacés
pour désigner le gouverneur de Saint-Petersbourg.

La presse n’est plus libre

Ce climat de méfiance provient notamment des restrictions imposées à la
presse. Le jour du début de la campagne électorale, le 3 septembre,
une nouvelle loi est entrée en vigueur. Cette loi interdit aux journalistes
de “décrire les conséquences possibles de l’élection
ou non d’un candidat”. La presse ne peut plus parler non plus des
activités qu’un candidat aurait en dehors de celles liées à sa
profession. Toujours selon la loi, aucune “action” menée par
les journalistes ne peut influencer le choix des électeurs. Par ailleurs,
les chaînes de télévision ont été placées
sous le contrôle de groupes proches du Kremlin. Enfin, l’État
a décidé de contrôler, à nouveau, le principal institut
de sondages.

La main de fer de Poutine et les risques de fraude électorale ont été dénoncés
par les principaux opposants au président et à Russie Unie, le
parti qui le soutient. Parmi ceux-ci on retrouve le Parti communiste (premier
parti à la Douma), Patrie-Toute la Russie (troisième parti à la
Douma). Ou encore l’Union des forces de la droite, Iabloko ou le Parti
libéral démocrate. Malgré les protestations et les manifestations,
le parti de Vladimir Poutine semble avoir les faveurs de la majorité de
l’opinion. C’est du moins ce qui disent les sondages… qui sont
contrôlés par l’Etat.

Lutte contre les nouveaux riches

Cette avance de Russie Unie dans les sondages s’explique aussi par la lutte
menée par Poutine et les siens contre les oligarques russes. Ces oligarques
sont les nouveaux riches du pays. Ils sont proches de l’ancien président
Boris Eltsine. Ils ont profité des privatisations des entreprises russes
pour prendre le contrôle de l’économie du pays et pour amasser
des fortunes impressionnantes. Dès son arrivée au pouvoir en 2000,
Poutine avait annoncé qu’il ferait tout pour supprimer la nouvelle
classe d’oligarques. Ces personnes étaient notamment accusées
de frauder les impôts, de corrompre la classe politique et de détourner
les richesses de la Russie pour leur propre compte.

Dernier épisode en date: l’arrestation, le 25 octobre dernier, de
Mikhaïl Khodorkovski. Il s’agit du patron de Ioukos, quatrième
groupe mondial de l’industrie pétrolière. La fortune personnelle
de cet homme est estimée à 8 milliards de dollars. En plus de l’arrestation
de cet homme, les oligarques passent l’un après l’autre à la
trappe. Cette politique est applaudie par la population. Pendant ce temps, une
nouvelle élite s’empare du pouvoir en Russie: les “siloviki” qui
signifie “ hommes de la force ”. Ces personnalités proviennent
d’administrations proches de Poutine, comme la police, l’armée
et les services secrets…

Olivier Brouet

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