dimanche 19 mai 2024

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Vent de révolte?

Le mois d’octobre a été riche en grèves, manifestations
et contestations des travailleurs et des étudiants…Une autre colère
se fait entendre depuis une quinzaine de jours en France: les jeunes des banlieues
se révoltent. Ce n’est pas la première fois que les jeunes
des cités défavorisées se mettent en colère. Mais
que s’est-il passé?


Les
banlieues s’enflamment – Photo: Belga

Cette fois, tout a commencé le jeudi 27 octobre fin de journée à Clichy,
près de Paris. Neuf jeunes ont été interpellés par la police. Six ont été arrêtés et relâchés
très vite. Trois se sont enfuis et se sont réfugiés dans
une cabine électrique. Ils ont été électrocutés.
Deux sont morts et le troisième est grièvement blessé.
Des rassemblements se sont formés rapidement après la découverte
des corps par les pompiers. Ces rassemblements ont dégénéré en
troubles. Dans les minutes suivantes, les forces de l’ordre et Nicolas
Sarkozy, le Ministre de l’intérieur ont déclaré que
la police ne poursuivaient pas les trois jeunes et qu’ils s’étaient
cachés là «parce qu’ils avaient certainement quelque
chose à se reprocher».

Cette réaction des autorités a provoqué la colère
des habitants du quartier. Dans la nuit suivante, des jeunes en colère
de toutes nationalités et habitant ces banlieues s’en sont pris
aux policiers, aux bâtiments publics et même aux pompiers. Dans
les jours qui ont suivi, les contestations se sont multipliées et se
sont étendues à d’autres cités et à d’autres
villes de France.

Le gouvernement a envoyé des centaines de CRS et de policiers pour réprimer
la révolte. De plus, le Ministre Sarkozy a fait des déclarations
provocantes à l’égard des habitants de ces banlieues. Dominique
de Villepin, le Premier ministre et Jacques Chirac, le Président de
la République, sont restés silencieux.

Le feu aux poudres

Si le phénomène a vite pris beaucoup d’importance, c’est
que les jeunes des cités étaient prêts à exploser….
Le simple doute sur les circonstances de la mort de ces gamins a suffi. Pourquoi?
Ces cités sont très sensibles. Les habitants de ces cités
connaissent des conditions de vie difficiles: exclusion, échec scolaire,
chômage, pauvreté, racisme et aussi harcèlement de certains
policiers. Des actions de prévention avaient été entamées
par les socialistes. Mais, ces dernières années, la droite revenue
au pouvoir a abandonné ces actions. Le Ministre de l’Intérieur,
Nicolas Sarkozy, a diminué les subventions d’aides aux logements
sociaux. Il a aussi supprimé des maisons culturelles, des animateurs
de quartier et la police de proximité. Pour lui, le rôle de la
police est la répression, pas la prévention. Tout cela a réduit
ce qui maintenait un lien social dans ces quartiers oubliés des autorités.

Les jeunes en colère s’en sont pris aux bâtiments publics.
Ils ont aussi brûlé des voitures des particuliers. Cette violence
est évidemment condamnable. Mais comment se faire entendre par des responsables
qui ne réagissent que par des propos provocants ou par le silence ?

Qui est Sarkozy?

Et des propos provocants, cela semble la spécialité de Nicolas
Sarkozy. Nicolas Sarkozy est l’actuel Ministre français de l’intérieur.
Son rôle est donc de veiller au bon fonctionnement de politique interne
du pays. Il est le chef de l’Administration et la Police. En France,
c’est à présent la Droite qui est aux commandes du gouvernement.
Mais il existe plusieurs partis et plusieurs tendances de droite. Sarkozy fait
partie de la droite dure. La sécurité et l’insécurité sont
des thèmes chers à Nicolas Sarkozy. Il faut savoir que Nicolas
Sarkozy sera sans doute candidat aux élections présidentielles
françaises de 2007. On peut donc penser que le désordre l’arrange.
L’insécurité est son fonds de commerce. Avec des discours
musclés, Nicolas Sarkozy tente d’attirer les électeurs
du Front National, parti d’extrême droite qui avait fait un très
beau score aux dernières élections présidentielles.

On attend autre chose d’un Ministre de l’Intérieur.

Marie-Luce Scieur


Sarkozy a multiplié les déclarations ces derniers jours. Il a
provoqué la colère de la gauche, des Verts, et même de
ses collègues du gouvernement.

Il a promis de «débarrasser la France des voyous par une tolérance
zéro».

Nicolas Sarkozy a une fois de plus rappelé qu’il entendait maintenir
une «tolérance zéro» face aux violences urbaines.
Au moindre fait, il veut une arrestation et le passage immédiat devant
la justice. Il ne veut pas d’une police de proximité qui connaît
les jeunes et dialogue avec eux.

Sarkozy a un discours sécuritaire. Il fait croire que toutes les personnes
interpellées sont des voyous. Les policiers peuvent agir en toute impunité .

Une police soutenue par le ministre de l’Intérieur a-t-elle tous
les droits?

«
Nettoyer la racaille au Kärcher»

Sarkozy veut nettoyer les banlieues des «voyous» et des délinquants,
mais quel effet ces mots peuvent-ils avoir sur des jeunes exclus? L’amalgame est
dangereux et facile à faire.

Croit-il régler tous les problèmes en envoyant des centaines
de CRS dans les rues, en plaçant des caméras partout ou en mettant
tous les jeunes en prison ?

«
On n’arrive pas à les remettre dans le système».

Ces propos font croire que ces jeunes seraient perdus. De leur faute car
ils seraient incapables de s’adapter. Mais y-a-t-il une place pour ces jeunes
dans le système actuel ? Dans ces banlieues, on dénombre 30%
de chômeurs. 40% de la population vit dans des HLM. Sans emploi, les
jeunes restent très tard chez leurs parents sans aucune activité.
Les employeurs engagent peu les candidats d’origine étrangère.
Or, dans ces cités, la population est majoritairement étrangère.

Incidents, émeutes ou guérillas?

Depuis le début des faits dans les banlieues, Sarkozy a utilisé des
mots de plus en plus durs pour décrire la situation. D’ «incidents» on
est passé à «émeutes» et puis à « guérillas
organisées ». En employant ces mots, Sarkozy alimente la peur.

«
Chacun doit comprendre que mettre le feu, c’est injuste et ça
doit être puni»

C’est vrai. Mais Sarkozy passe sous silence d’autres choses tout
aussi injustes. Est-il juste de laisser des jeunes vivre dans des bâtiments
insalubres, de les parquer dans des cités pourries ? Est-il juste de
laisser l’économie de marché exclure des pans entiers de
la population ? Une politique qui amène l’exclusion, le chômage,
le racisme,… est-elle juste?

2 réponses

  1. Je pense que Sarkosy n’avait pas a « insulté » les jeunes des banlieues et qu’il faudrait aussi comprendre que ces jeunes sont au chômage et qu’ils vivent dans des conditions très défaforables.

  2. Les jeunes des banlieues ont leurs raisons de brûler il faut dire que même si on leurs demande de s’exprimer autrement ils ne sont jamais écoutés car les « français » sont très racistes envers ces jeunes.

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