mercredi 15 mai 2024

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Accord et désaccord


Les tensions sont très vives entre syndicats et patrons — Photo: Belga

Le 18 janvier, on nous apprenait que les syndicats
et les patrons avaient conclu
un accord interprofessionnel. Le 7 Février, on nous disaitt qu’il
ne serait pas signé. Le 10 février, le gouvernement a décidé de
l’accepter tel quel.

Le 18 janvier dernier, les représentants des patrons des entreprises
belges et les syndicats ont conclu un préaccord interprofessionnel.

De
quoi s’agissait-il?

Périodiquement, les organisations syndicales
et patronales se réunissent
pour discuter des grandes lignes de la politique en matière de travail.
Cette manière de faire est propre à notre pays. Dans la grande
partie des autres pays démocratiques, c’est le gouvernement qui
décide seul. Cet accord est en général valable pour deux
ans. Il détermine les conditions de travail de 2,4 millions de travailleurs
salariés en Belgique. Cette fois, les négociations ont été longues
et difficiles. Il a fallu plusieurs mois pour trouver un préaccord.
Les demandes patronales ont été très agressives et les
syndicats ont dû souvent jouer la défense.

Que voulaient les uns
et les autres?

Les patrons voulaient principalement : le blocage des salaires,
l’abandon
de la prépension, plus de flexibilité et le retour aux 40 heures
de travail par semaine pour tous. Ils voulaient aussi avoir la possibilité de
ne plus respecter une convention d’entreprise si elle ne leur plaisait
plus. Les syndicats, eux, demandaient surtout : une augmentation des salaires,
une augmentation des indemnités pour les travailleurs en cas de fermeture
d’entreprise, le renouvellement des accords sur la prépension
et le rapprochement des statuts ouvriers et employés. Tout au long de
la négociation, les tensions ont été très fortes à tel
point qu’on a cru qu’il n’y aurait jamais d’accord
possible.

Finalement, les deux parties ont réussi à s’entendre
sur une proposition. Chacun a dû faire des concessions.

Une proposition

Les salaires pourront être augmentés de 4,5% dans
les 2 années à venir,
mais cela comprend l’indexation normale (prévue à 3,3%)
et les années d’ancienneté des employés. Cela veut
dire qu’il n’y aura pratiquement aucune vraie augmentation de salaire.
En ce qui concerne l’augmentation du temps de travail, les syndicats
ont refusé fermement le passage aux 40 heures. Mais les patrons ont
alors réclamé une utilisation moins coûteuse et plus facile
des heures supplémentaires. Ce qui veut dire que les patrons pourraient
demander jusqu’à 130 heures supplémentaires par an et par
personne au lieu des 65 heures possibles actuellement.

Ces heures seraient
récupérées ou payées. Pour que cela coûte
moins cher aux entreprises, l’Etat a proposé une aide financière
de 80 millions d’euros. Cet argent servira à payer une partie
des cotisations patronales sur ces heures supplémentaires. Cela veut
dire que les heures supplémentaires vont être en partie payées
avec l’argent des impôts de tous les citoyens. Les patrons se sont
aussi engagés à participer plus à la formation des travailleurs, à favoriser
la recherche et l’innovation.

De dures négociations

Tout cela n’était pas encore décidé.
En effet, il faut que les membres des organisations syndicales et patronales
donnent leur
avis sur ce que leurs représentants ont négocié pour eux.
Et c’est là que les choses ont bloquées. La majorité des
travailleurs de la CSC et de la CGSLB ont approuvé l’accord. Les
associations des patrons d’entreprise aussi. Mais 52% des militants FGTB ont refusé. Ils disent que si l’on augmente les heures supplémentaires,
on créera encore moins d’emplois. Or, le taux de chômage
a augmenté de 8% en 2004 alors que le gouvernement avait annoncé la
création de 200 000 emplois !

En ce qui concerne les salaires, les syndicats
ont peur. Si les salaires restent trop bas, ils ne pourront pas demander une
augmentation des allocations sociales dans les prochaines négociations sociales du mois de mars. Ils sont
aussi inquiets au sujet du rapprochement des statuts ouvriers et employés.
Ils ont peur que le rapprochement se fasse sur les désavantages plutôt
que sur les avantages.

Et si aucun accord n’est possible?

Si aucun accord n’est possible,
la loi prévoit que c’est
le gouvernement qui doit alors décider, sans négocier avec les
syndicats ou avec le patronat. Beaucoup pensent que ce qui s’est passé est
dangereux. Car si les deux parties n’arrivent plus à se mettre
d’accord, on risque à l’avenir de ne plus leur demander
de décider ensemble. Ce serait alors le gouvernement qui déciderait
seul. Dans ce cas, l’intérêt des travailleurs pourrait ne
plus être défendu.

Marie-Luce Scieur

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