En mars 1886, il y a eu une grande révolte ouvrière en Wallonie (1). En 2018, les syndicats FGTBAbréviation de Fédération Générale des Travailleurs de Belgique. Sa couleur: le rouge. et CSCConfédération des Syndicats Chrétiens. Sa couleur: le vert. de la région de Charleroi ont rappelé l’événement par une manifestation, le 27 mars 2018. Il y avait environ 350 personnes ainsi rassemblées pour manifester… sous la pluie. Et pour écouter un discours, ou plutôt des discours. Des discours de délégués d’entreprise qui ont parlé, entre autres, des conditions de travail difficiles, des droits syndicaux menacés. Il y a eu aussi des discours de responsables syndicaux FGTB et CSC, comme celui de Fabrice Eeklaer, secrétaire fédéral CSC de la région Charleroi-Sambre et Meuse. Un discours qui dit bien pourquoi les syndicats étaient là, ce jour-là.
Fabrice Eeklaer : « Chers Amis, Chers Camarades, il y a quelques semaines l’affreux populiste d’Anvers attaquait déjà les travailleurs et la sécurité sociale. »
Expliquons :
« L’affreux populiste d’Anvers », c’est Bart De Wever. Bart De Wever est bourgmestre d’Anvers et président du parti nationaliste flamand la NVASigle de la Nieuw-Vlaamse Alliantie. On prend la première lettre de chaque mot. En français: Nouvelle Alliance flamande.. La NVA participe au gouvernement fédéral de Charles Michel. Bart De Wever a signé un texte pour dire, entre autres, que « continuer à accueillir les migrants, c’est signer l’arrêt de mort de la sécurité sociale en Belgique. » alors que Bart De Wever n’arrête pas, lui, d’attaquer la sécurité sociale.
Solidarité avec les sans papiers
Le responsable syndical poursuit : « Nous ne savions pas qu’il ferait un pas de plus dans l’ignominie avec son gouvernement en entrant dans une ASBLAssociation sans but lucratif, qui ne fait pas de bénéfices pour arrêter un de nos militantspersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. qui est maintenant dans cette prison que l’on appelle 127 bis avec de nombreux autres camarades. D’ici, faisons preuve de notre solidarité avec tous ces délégués arrêtés dans notre pays. Qu’ils nous entendent jusqu’au 127 bis. On veut vous entendre. » Et les quelques 350 militantesfemmes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. et militants d’applaudir avec force.
Expliquons :
Le 9 février à Bruxelles, la police pénètre dans une ASBL d’artistes Global Aroma et arrête sans ménagement plusieurs artistes sans-papiers. Deux d’entre eux sont envoyés au centre fermé de Steenokkerzeel, appelé le 127 bis. Il s’agit de Mounir et de Jiyed. Mounir est un militant syndical du comité des travailleurs migrants. Jiyed est un artiste, …
Solidarité entre toutes et tous
Le responsable syndical dit encore : « Cette solidarité avec Mounir, avec Jiyed, c’est aussi la solidarité avec chacun d’entre nous. C’est la solidarité avec tous ces Caroloscarolo: mot familier pour dire de Charleroi ou habitant de Charleroi qui ont donné leur vie pour cette région, qui se sont battus. (…) Nous ne sommes pas dupes. Toutes ces attaques contre les délégués, contre les travailleurs, ce sont des attaques du capitalismesystème économique qui satisfait aux besoins de la population seulement si cela rapporte du profit aux propriétaires de capitaux.. Ce sont des attaques pour nous priver de notre liberté, des attaques pour limiter l’action syndicale. (…) Ces attaque contre les libertés syndicales, cela permet de faire plus encore de pression sur les salaires. »
Expliquons :
On montre ici que la solidarité dépasse les statuts des uns et des autres. Elle fait tomber les frontières que le système et que certains dressent entre les travailleurs avec emploi et ceux sans emploi, entre les migrants et les non migrants, entre les luttes syndicales du passé et les combats d’aujourd’hui.
La lutte, Amis et Camarades
Le responsable syndical conclut : Le gouvernement de droite donne des faux chiffres sur le chômage. Il y a une exclusion et une misère grandissante. Le combat que nous menons ici ensemble est un combat pour nos droits. Notre droit à un travail décent (…) C’est notre droit de travailleurs avec ou sans emploi pour créer une société de l’égalité. C’est notre droit à être solidaire en développant une sécurité sociale, rempart contre l’exploitation. La liberté, comme l’ensemble des droits que le mouvement syndical a obtenu, personne ne nous l’offrira, nous devons la conquérir. Chers Amis, notre liberté d’agir, de lutter, prenons-la. Et demain, il fera jour, Camarades ! »
Expliquons :
Amis, c’est ainsi que les militants du mouvement ouvrier chrétien aiment s’appeler. Camarades, c’est ainsi que les militants du mouvement ouvrier socialiste au sens large aiment s’appeler. En réunissant les 2 mots, on souligne l’union entre tous les travailleurs. Une union qui a été nécessaire hier pour gagner des libertés et qui est nécessaire aujourd’hui pour résister et en gagner de nouvelles.
« Et demain, il fera jour, Camarades ! » fait allusion au chant révolutionnaire L’Internationale qui dit, entre autres : « Groupons-nous et demain (…) » Le proverbe veut dire aussi qu’il faut comprendre le monde où l’on vit, avoir une attention fine aux rapports de force pour mener une lutte intelligente…
(1) Lire aussi notre article 1886, une révolte ouvrière
Lire Le texte d’appel à la manifestation du Front commun syndical carolo en PDF