vendredi 26 avril 2024

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Réfugié afghan, l’image et la réalité

Avec l’arrivée au pouvoir des Talibans en Afghanistan, des hommes, femmes et enfants fuient le pays. On s’attend à ce que 500 000 Afghans et Afghanes quittent le pays d’ici la fin de l’année. Certains dirigeants européens ont déjà dit qu’ils craignaient de voir arriver un trop grand nombre de ces personnes en Europe.
Pourtant, la situation n’est pas nouvelle, il y a la guerre dans ce pays depuis 40 ans. Et on sait comment cela se passe avec les réfugiés. La grande majorité des réfugiés se contentent de traverser une frontière pour vivre dans un pays voisin. Ils n’ont pas les moyens de partir plus loin ou ne veulent pas quitter leur région de vie. voyons les chiffres.

Les chiffres

Il y a 38 millions d’Afghans. Parmi eux, plus de 3,5 millions de déplacés: ils continuent à vivre en Afghanistan, mais ils ont dû quitter leur lieu de vie à cause de la guerre. Ils ne sont pas considérés comme réfugiés. Et puis il y a ceux qui se sont réfugiés dans un autre pays. En 2020, il y avait 2,6 millions de réfugiés afghans dans le monde. L’ensemble des pays européens n’accueillent que 12,8 % de ces réfugiés afghans. 55,4 % des réfugiés afghans étaient au Pakistan et 30,1 % en Iran. Le Pakistan et l’Iran sont 2 pays voisins de l’Afghanistan.


Source: Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU, infographie: journal Le Monde

Peu d’Afghans en Europe

Pour ce qui est de l’Union européenne, l’Allemagne accueille à elle seule presque la moitié des réfugiés afghans qui sont dans les 27 pays de l’Union. C’est-à-dire 147 994 réfugiés afghans en 2020. Les autres 26 pays de l’Union européenne accueillent à eux tous seulement 184 806 réfugiés afghans.

Chiffres ou droits humains

On ne peut donc pas dire qu’il y a beaucoup de réfugiés afghans dans l’Union européenne. Et pourtant des dirigeants européens ont déjà dit qu’ils avaient peur de voir arriver des flux d’Afghans. Pour Hervé Nicolle[1]<1> codirecteur du centre de recherche Samuel-Hall sur les migrations et le développement, basé à Kaboul, Nairobi et Tunis., un spécialiste des migrations: «Certains dirigeants d’État sont de plus en plus managers et de moins en moins responsables politiques.» Ils fonctionnent donc de plus en plus avec des chiffres et de moins en moins avec les valeurs de la démocratie et des droits humains.

Peur de l’extrême-droite

Ils fonctionnent avec les chiffres et ils ne veulent pas perdre leur popularité. Dans plusieurs pays européens, les partis d’extrême-droite sont très présents. Ces partis font croire que nous accueillons déjà trop de réfugiés. Les partis de droite et les partis au pouvoir ont donc tendance à être très prudents quand on parle d’accueillir des réfugiés.

Se protéger ?

Ainsi, le président français Emmanuel Macron qui n’est pourtant pas le pire des dirigeants européens a fait scandale en déclarant le 16 août 2021 : «La France fait et continuera de faire son devoir pour protéger celles et ceux (les Afghanes et les Afghans) qui sont les plus menacés. (…)» Il a ajouté : «Nous devons anticiper et nous protéger contre des flux migratoires irréguliers importants.»
Dans le journal Le Monde du 31 août, le chercheur François Gemenne[2]<2>spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, enseignant universitaire., spécialiste des migrations, craignait que l’asile soit désormais réservé « aux Afghans les mieux connectés, les plus riches, qui ont pu quitter rapidement le pays alors que ceux qui restent risquent de se retrouver dans une prison à ciel ouvert. »

« Belles images » et réalité

Nous voyons et allons voir dans les médias des Afghans et des Afghanes accueillis dans nos villes d’Europe. C’est déjà ça, mais ces belles images ne doivent pas nous faire oublier une autre réalité bien plus dramatique celle-là. Plus de 5 millions d’hommes, de femmes et d’enfants sont déplacés à l’intérieur de leur propre pays, l’Afghanistan, à cause de la guerre. Et plus de 2 millions vivent dans des camps de misère en Iran et au Pakistan. Ces êtres humains n’ont pas eu la chance de partir et n’ont pas été sélectionnés pour l’asile dans les pays occidentaux. Nous ne devons pas les abandonner.

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1 <1> codirecteur du centre de recherche Samuel-Hall sur les migrations et le développement, basé à Kaboul, Nairobi et Tunis.
2 <2>spécialiste de la gouvernance du climat et des migrations, enseignant universitaire.