lundi 6 mai 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Barroso plie mais ne rompt pas


Barroso représentera une nouvelle commission
aux députés — Photo: Belga

Qui oserait encore dire qu’ils ne servent à rien
nos députés européens? Ils ont fait plier le président
de la Commission européenne: José Manuel Durao Barroso. Les députés
menaçaient de ne pas voter la confiance aux Commissaires désignés
par les Chefs d’Etat et de gouvernement. Barroso a donc décidé
de refaire sa Commission. C’est une petite révolution démocratique
en Europe…

«L’homosexualité est un péché.
La famille existe pour permettre à la femme d’avoir des enfants
et d’être protégée par son mari». Qui a dit
ça? Le Pape? Oui c’est vrai, il le répète assez souvent.
Mais qui a osé dire ça devant des députés européens?
Celui qui devait être Commissaire européen à la Justice,
aux Libertés et à la Sécurité : M. Buttiglione,
un homme politique italien très catholique. Sa déclaration a fait
mauvais genre dans une Union européenne qui a une politique d’égalité
des chances, notamment entre hommes et femmes.

Cela a fait mauvais genre et c’en était trop pour
une majorité de députés européens, de gauche, socialistes,
verts ou libéraux. Ces députés menaçaient de ne
pas voter
la confiance
à la nouvelle Commission. Le président Barroso
a donc retiré sa Commission. Et a dû présenter de nouveaux
Commissaires devant le Parlement. C’est une première dans l’histoire
de l’Union européenne. Les élus font reculer les désignés.
On présente généralement, les institutions européennes
sous la forme d’un triangle composé de trois pouvoirs. Et cette
petite révolution démocratique, on peut la voir sous ces trois
angles.

Gouvernements et Commission

Premier angle: le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement des 25
pays membres. Il fixe les grandes orientations de la politique européenne
et signe les traités européens. Le Conseil choisit le Président
et les Commissaires européens. En juillet, il a donc choisi José
Manuel Durao Barroso comme nouveau Président de la Commission européenne.
Chaque gouvernement des pays de l’Union propose ensuite un Commissaire.
La Commission est alors désignée officiellement. La Commission
de Barroso était, dès le départ, jugée très
néo-libérale, trop à droite. Mais en plus, cette Commission
allait montrer devant le Parlement européen ses faiblesses et une certaine
incohérence.

Deuxième angle: la Commission européenne, composée des
super ministres européens. Ils appliquent la politique européenne
et proposent aussi des lois pour les 25 Etats membres. La Commission est souvent
jugée toute puissante. Pourtant, les relations sont parfois tendues entre
la Commission, les chefs d’Etat et de gouvernement et le Parlement européen.
La crise actuelle montre que la puissance de la Commission peut parfois être
sa faiblesse.

Le Parlement

Troisième angle: le Parlement européen. Ce sont 732 femmes et
hommes élus par les citoyennes et les citoyens de l’Union. Un parlement
dont il était de bon ton de moquer le peu de pouvoir. A l’avenir,
on n’en rira plus. En juillet, le Parlement a approuvé la nomination
de M. Barroso à la tête de la Commission. Normal. Barroso est de
droite. Il y a une majorité de députés de droite ou de
centre-droit au Parlement européen. Les députés devaient
encore approuver la nouvelle Commission dans son ensemble. Pour cela, ils entendent
chaque commissaire sur ses connaissances des dossiers et sa future politique.
C’est, en principe, une formalité. Les désignés passent
un examen devant les élus. C’est un examen démocratique
en quelque sorte. Et ici, la nouvelle Commission a montré ses faiblesses
et même parfois son arrogance.
Les faiblesses ? Certains commissaires qui ne connaissent pas les dossiers dont
ils allaient pourtant avoir la charge. D’autres qui ont des activités
pouvant contrarier l’indépendance nécessaire à leur
travail de commissaire.

Et puis, il y a eu M. Buttiglione. Sa condamnation de l’homosexualité
et sa vision de la femme à la maison entraient en contradiction avec
la politique de l’Union. L’arrogance? Contre l’avis d’une
majorité de députés, Barroso a soutenu son commissaire.
Certains gouvernements nationaux ont voulu influencer les députés
européens de leur pays pour qu’ils votent quand même la confiance
à toute la Commission. Résultat? Cela a encore plus énervé
les députés européens. Pour éviter un vote de refus
du Parlement européen, M. Barroso a, en dernière minute, annoncé
qu’il proposerait une nouvelle Commission aux députés. En
politique, on appelle cela une crise. Une crise surgie de la démocratie.
En Europe, c’est une petite révolution…

Thierry Verhoeven

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos

Par son existence même, le site de l’Essentiel mène des actions pour encourager la lisibilité des textes écrits. Les articles du site www. journal-essentiel.be sont écrits dans un langage accessible à tous, quelque soit son niveau de lecture de départ. Et les mots incontournables sont expliqués dans un glossaire qui accompagne l’article. Mais le site s’inscrit aussi dans un combat plus large.

Articles récents
image-1
Pour aller plus loin
438231813_276328412207264_2100691291322586033_n
Palestinien, une identité à la carte
image
Voyager dans le cahier "De Palestine"
Newsletter

Restez informé, inscrivez-vous à notre newsletter, c’est gratuit et utile !

Nous suivre