L’ouragan Katrina qui s’est abattu fin août sur la Louisiane
a provoqué d’énormes dégâts humains et matériels.
Il a également affaibli le président des Etats-Unis sur le plan
politique. Car l’ouragan passé, il reste bien des questions.
Plusieurs centaines de morts, selon les chiffres officiels
et non définitifs.
Des milliers de sans-abri et de réfugiés. Des dégâts
matériels pour des dizaines de milliards de dollars. Des conséquences
sur l’économie mondiale, avec la hausse du prix du pétrole.
L’ouragan Katrina, qui s’est abattu sur la Louisiane et plus particulièrement
sur la Nouvelle-Orléans, est une véritable catastrophe pour les
Etats-Unis. Une catastrophe qui a aussi des conséquences politiques
importantes.
Photo: Belga |
Peu de moyens
Prenons, la popularité de George W. Bush. Dans les sondages, elle était
de moins de 40% deux semaines après le passage de l’ouragan. En
cause? La mauvaise gestion de la catastrophe par Bush et son administration.
D’abord, on savait que les digues de protection de la Nouvelle-Orléans
n’étaient pas assez solides face à un tel ouragan. Et Bush
avait encore réduit les budgets consacrés à l’amélioration
des «défenses de la ville».
Ensuite, beaucoup de gens estiment que George W. Bush n’a pas pris assez
vite conscience de la catastrophe. Et il a trop tardé à prendre
les mesures pour aider les victimes. Trop lents les secours, mais aussi insuffisants
et mal adaptés. Plusieurs dizaines de milliers d’habitants ont été piégés à la
Nouvelle-Orléans. Ils n’avaient pas de moyen de transport pour
fuir. Et les autorités n’ont pas été capables d’amener
rapidement nourriture et matériel à ces personnes. Les récits
des dizaines de millers de personnes réfugiées dans le stade
de la ville ont choqué l’opinion.
Soldats et médias
Face au désastre, Bush a d’abord réagi en envoyant des
soldats. Ces soldats ont surtout lutté contre les nombreux pillages.
De là à penser que la protection de l’ordre et des biens était
plus importante que la vie des personnes pauvres, il n’y avait qu’un
pas. Il faut dire que la plupart de ceux qui n’ont pas réussi à quitter
la ville, les plus démunis face à l’ouragan étaient
d’origine afro-américaine. La communauté noire a donc eu
l’impression d’être complètement abandonnée.
Après la catastrophe, les critiques ont donc été nombreuses.
Jusque dans son propre parti, Bush et son administration ont été jugés
incapables d’assurer la sécurité des Etats-Unis. Bush a
alors utilisé un des outils politiques qu’il manie le mieux: la
communication. Passée la panique et la négligence des premiers
jours, Bush a multiplié les visites sur les lieux de catastrophe. Il
a licencié le responsable de l’organisation des secours. Il a
demandé aux médias de ne plus montrer les cadavres. Bref, il
a lancé des messages pour rassurer l’opinion.
George W. Bush a même fini par reconnaître publiquement sa responsabilité dans
la mauvaise gestion de la crise. Mais il n’a pas remis en cause son poste
de président. Faute avouée, à moitié pardonnée.
Et il a, à nouveau, fait appel à l’esprit patriotique comme
après les attentats du 11 septembre 2001. Un discours qui a déjà bien
servi… mais qui pourrait bien un jour ne plus suffire.
Olivier Brouet