«
Efforts gagnants!» Ce ne sont pas les responsables de La Poste qui le disent,
mais Johan Vande Lanotte, le ministre socialiste flamand des Entreprises publiques.
Avec une touche d’électoralisme…
Voici quelques mois encore, tous
les dirigeants de La Poste et le gouvernement, répétaient que l’entreprise
publique allait très mal. Pourquoi? Principalement à cause de la
bureaucratie et des frais de fonctionnement terriblement élevés.
A cause de cela, La Poste était même condamnée si des plans
de redressement n’étaient pas très vite mis en place. Ces
plans ont notamment débouché sur la réorganisation des tournées
des facteurs, ce qui a causé des grèves. Il y a aussi eu des projets
de fermeture de petits bureaux. Jusqu’à présent, ces projets
ne se sont pas réalisés. Un des arguments principaux pour justifier
cette réorganisation est l’arrivée de directives
européennes qui prévoient la libre
concurrence. Dans l’état où elle était,
La Poste ne pouvait pas y résister…
Une attitude électoraliste
Et puis, miracle! Les chiffres publiés fin mai n’ont pas été donnés
par La Poste. C’est le ministre Johan Vande Lanotte qui les a renseignés
sur son site Internet. Explication probable: les élections du 13 juin
sont toutes proches. C’est une manière comme une autre de faire
savoir qu’il fait bien son boulot. Et que donc voter pour son parti, c’est
voter pour le travail bien fait. Et ce, même s’il s’agit d’élections
régionales. D’autant plus que les sondages montrent que le parti
socialiste flamand comme le parti libéral flamand du Premier ministre
pourraient perdre des voix lors des élections. Ces deux partis pourraient
souffrir de la montée du Vlaams Blok et des sociaux-chrétiens flamands.
Dans un tel contexteLes circonstances, les conditions, les explications d'un événement, d'un fait, d'une action, on peut se demander si Johan Vande Lanotte aurait révélé les
résultats concernant La Poste s’ils avaient été moins
bons, ou carrément mauvais…
Des bons chiffres
Ces fameux chiffres concernent les trois premiers mois de cette année
2004. Le chiffre d’affaire de La Poste a atteint 539 millions d’euros,
alors qu’il était de 513 millions pour les trois premiers mois de
2003. Mais, surtout, le bénéfice net est passé de 16,2 à 45,4
millions d’euros. Cela prouve que, malgré tous ses problèmes,
La Poste peut être rentable. Voilà qui va faire plaisir à tous
ceux qui y travaillent et qui se demandent quel avenir on veut leur réserver…
Le ministre Johan Vande Lanotte donne plusieurs explications à ces chiffres.
D’abord, il dit que les programmes de réorganisation commencent à porter
leurs fruits. C’est-à-dire que les frais de fonctionnement diminuent
et que les recettes augmentent. De plus, 500 postiers sont partis en préretraite
au début de cette année, ce qui diminue les coûts de fonctionnement.
Enfin, beaucoup pensaient aussi que le développement de l’e-mail
diminuerait le nombre de lettres envoyées par La Poste. Ce n’est
pas le cas. Par ailleurs, le courrier administratif et celui des entreprises
augmentent un peu, notamment à cause de la reprise économique.
Prudence quand même
Mais, du côté de La Poste, on évite de crier victoire trop
tôt. Pour les dirigeants de l’entreprise, rien ne dit que l’année
2004 pourra s’achever sur des chiffres en équilibre. C’est à dire
sur zéro euro de bénéfice, mais aussi zéro euro de
perte. Or, La Poste n’a toujours pas publié ses résultats
pour 2003. Et là, il se dit qu’il pourrait y avoir une perte de
50 millions d’euros, comme en 2002. Alors, autant publier ce qui va bien…
Surtout que les dirigeants de La Poste et le gouvernement voudraient trouver
un partenaire privé d’ici la fin de l’année. C’est
une façon comme une autre de dire que la future mariée est belle.
Ou qu’elle a, au moins, un bon portefeuille…
Marc Vandermeir