Ce 22 novembre, le chorégraphe Maurice Béjart est décédé à Lausanne. Il avait 80 ans. Le monde de la danse est en deuil. Mais la nouvelle de la mort de Béjart attriste aussi tous ceux à qui il a fait aimer la danse… Et il y en a beaucoup… Surtout en Belgique…
Maurice Béjart s’appelait Maurice Berger. Son nom d’artiste, il l’a choisi en hommagegeste de respect à Molière, écrivain et acteur de théâtre du 17e siècle. La femme de Molière s’appelait Madeleine Béjart. Maurice Berger-Béjart est né à Marseille le 1er janvier 1927. Il était le fils du philosophe Gaston Berger. C’était un enfant plutôt fragile. Un médecin conseille des cours de danse pour le fortifier. En 1941, il entre à l’Opéra de Paris. Il a quatorze ans. Maurice Berger poursuit en parallèle des études et obtient une licence de philosophie. Il assiste un jour à un spectacle de danse et décide alors d’en faire son métier. En 1951, il crée son premier ballet, «L’Inconnu», à Stockholm. Puis il règle «L’Oiseau de feu». En 1953, il crée sa première compagnie «les Ballets de l’Étoile». En 1955, il obtient avec cette troupe un grand succès avec «Symphonie pour un homme seul». Il tente d’avoir une aide de l’État français pour établir sa troupe dans un théâtre. Sans succès.
Les belles années belges
En 1959, Béjart quitte la France pour la Belgique. Il est engagé au Théâtre royal de la Monnaie. Il crée en 1959 à Bruxelles sa plus fameuse chorégraphie, «Le Sacre du printemps». Puis il fonde le Ballet du XXe siècle en 1960. Le contrat temporaire qui lie Béjart à la Monnaie devient un contrat de plusieurs années. Béjart restera presque 30 ans en Belgique. Ce seront des années de triomphe. Maurice Béjart a profondément changé la danse contemporaine. Dans les années 60 et 70, il a apporté un vent neuf sur la danse. Il a popularisé la danse. Chaque soir, on se pressait à la Monnaie, au Cirque royal ou à Forest National pour applaudir le «Boléro», le «Sacre du printemps» « Nijinski », «L’Oiseau de feu», la «IXe symphonie». On n’a plus jamais connu cela par la suite, chez aucun autre chorégraphe. Les danseurs de Béjart étaient Rudolf Noureev, Paolo Bartoluzzi, Jorge Donn, Suzanne Farell, Tania Bari ou encore Rita Poelvoorde. Et ce succès est aussi international. «On a dansé à Mexico devant 45 000 personnes, comme les Stones, rempli le Palais des sports de Paris pendant un mois, enthousiasmé Avignon » rappelle Micha Van Hoecke, qui a dirigé l’école de Mudra, fondée par Béjart.
De cette période, Béjart garde un amour pour la Belgique. Un peu avant sa mort, il avait déclaré qu’il voulait se naturaliser belge. Il a d’ailleurs demandé que ses cendres soient dispersées sur le sable de la plage d’Ostende.
Les années suisses
Pourtant, c’est en Suisse que Béjart vivait depuis 1987. Cette année-là, il avait quitté la Belgique suite à un conflit avec Gérard Mortier, alors directeur de La Monnaie. Béjart s’était alors installé à Lausanne. Il y avait fondé le Béjart Ballet Lausanne. C’est en Suisse que Béjart est décédé ce 22 novembre.
Au cours de sa vie, Béjart a créé au total 140 chorégraphies. La danse, il est «tombé dedans quand il était petit» Et jusqu’à sa mort, il a suivi de près les activités de sa compagnie. Il préparait Le « Tour du Monde en 80 minutes ». Sa dernière chorégraphie est annoncée pour le 20 décembre à Lausanne…