Le président Bush a été réélu
sans critique possible sur la régularité du vote. Mais c’est
en même temps l’extrême droite qui s’est maintenue.

La réélection de Georges W. Bush comme président
des Etats-Unis est à la fois une victoire et une terrible défaite
pour la démocratie. Une victoire ? Cette fois, beaucoup plus d’Américains
ont voté, en particulier les jeunes. De plus, contrairement à
ce qui s’était passé, il y a quatre ans, quand Bush a été
élu pour la première fois, tout s’est déroulé
normalement. Le système démocratique américain a donc bien
fonctionné.

Mensonges

Mais la réélection de Bush est en même temps une terrible
défaite pour la démocratie. En effet, les Américains ont
réélu un président qui leur a menti depuis les attentats
du 11 septembre 2001. Il est prouvé aujourd’hui que les armes de
destruction massive n’existaient pas en Irak, et que le gouvernement américain
le savait très bien. Il est aussi prouvé que Saddam Hussein n’avait
rien à voir avec le terroriste Oussama Ben Laden, et que le gouvernement
américain le savait très bien aussi. Le résultat est ce
qui se passe aujourd’hui en Irak. Au moins cent mille morts civils, des
attentats sanglants tous les jours, des enlèvements, et les soldats américains
(et ceux des autres pays qui ont envoyé des troupes, surtout la Grande-Bretagne)
coincés dans un bourbier.

Des valeurs qui font peur

Cette réélection est une défaite pour la démocratie,
encore, parce que c’est la victoire du racisme, de la religion intégriste,
de l’opposition entre classes sociales, d’une société
refermée sur elle-même et qui méprise le reste du monde.
Le racisme : il est prouvé que ce sont les milieux populaires blancs
qui ont donné la victoire à Bush. Et Bush a une politique qui
met en avant ces milieux, contre les autres. La religion intégriste
: Bush fait appel – sans arrêt – à Dieu et aux valeurs religieuses
les plus rétrogrades. Au nom de ces valeurs, l’avortement risque
fort d’être interdit, tout comme le mariage entre homosexuels. L’opposition
entre classes sociales : c’est le peuple qui a voté à la
fois contre les intellectuels et contre les pauvres et ceux qui sont en difficulté
sociale. Bush met toujours en avant le fameux rêve américain, où,
soi-disant, celui qui le veut peut faire fortune. Les pauvres, du coup, sont
méprisés.

Victoire enfin d’une société refermée sur elle-même:
les électeurs n’ont pas tenu compte de la situation en Irak et
de l’isolement international des Etats-Unis.

Fin politique

Bush, il faut le dire, a bien été aidé par les télévisions
et par une partie de la presse : ces télés et beaucoup de journaux
appartiennent à des groupes financiers très proches de lui.

Mais il faut aussi dire que Bush s’est montré un très fin
politique. Pendant son premier mandat, il a diminué l’impôt
pour les riches. Il a réduit la sécurité sociale. Il a
mis certaines catégories de la population de côté. Un nombre
incroyable d’emplois aux classes populaires ont été perdus.
Sa politique pouvait se résumer ainsi: tout pour les riches et les forts.
Rien – et même beaucoup moins! – pour les plus faibles. Pourtant, il a
réussi à convaincre ces faibles de voter pour lui, au nom de la
sécurité nationale, de la lutte contre le terrorisme, des valeurs
religieuses rétrogrades et du mépris des intellectuels. Et en
faisant oublier les soldats morts en Irak.

Marc Vandermeir