Wangari Maathai a reçu le Prix Nobel de la Paix – Photo: Belga

Cette année, le Prix Nobel de la paix a été
attribué à Wangari Maathai. Cette Kenyane milite depuis 30 ans
pour la protection de l’environnement et le respect des droits de l’homme.
C’est la première fois que le Comité Nobel récompense
une femme africaine pour son action pour la paix.

Wangari Maathai est une battante. D’ailleurs, dans son pays,
les siens l’appellent “Makewa”, ce qui, en swahili, signifie
l’optimiste. Depuis 30 ans, cette femme de 64 ans milite sans relâche
pour la protection de l’environnement dans son pays, et dans le reste
de l’Afrique. En 1977, elle fondait le “Mouvement de la ceinture
verte”, auquel 130 000 Kenyanes ont désormais pris part.

Ensemble, ces femmes ont planté plus de 30 millions d’arbres
dans le pays. Ce sont autant de graines que Wangari Maathai considère
comme “des graines de la paix”. Ce combat est aussi un combat pour
les droits fondamentaux et surtout, pour les droits des femmes. En Afrique,
les femmes sont chargées d’aller chercher l’eau et le bois
nécessaires à la survie de leur famille. Avec la dégradation
de l’environnement, elles doivent parcourir de plus en plus de kilomètres.
C’est pourquoi, face à la déforestation,
Wangari Maathai encourage les femmes à améliorer leurs conditions
de vie, notamment, en plantant des arbres. Le succès du programme lancé
par la Kenyane est tel qu’il s’étend dans d’autres
pays d’Afrique comme la Tanzanie, l’Ouganda, le Malawi, le Lesotho,
l’Ethiopie ou le Zimbabwe.

Long chemin vers la reconnaissance

Wangari Maathai est aussi la première femme d’Afrique de l’Est
et du Centre à obtenir un doctorat. Elle a d’abord étudié
la biologie aux Etats-Unis, puis a poursuivi ses études en Allemagne.
Alors qu’elle occupe un poste de chercheuse à l’Université
de Nairobi, elle milite pour les droits de la femme et aide les enfants de la
rue. A partir de la fin des années 70, elle se consacre à la protection
de l’environnement avec le “Mouvement de la ceinture verte”.
Dans sa lutte contre la construction immobilière sur des espaces verts
ou des forêts, Wangari Maathai commence à se faire des ennemis.
Elle se met aussi à dos le gouvernement kenyan du dictateurpersonne qui a tout le pouvoir dans un pays et qui le garde par la violence Arap Moi
qu’elle accuse de corruption.
Victime de harcèlement et de pressions, elle a même été
jetée en prison, mais rien ne l’a arrêtée dans son
combat.

Aujourd’hui, le Kenya a un nouveau président. Députée
depuis 2002, Wangari Maathai occupe aussi le poste de Secrétaire d’Etat
à l’Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune
sauvage. Célèbre dans son pays, Wangari Maathai est aussi reconnue
de part le monde et a déjà reçu quelques distinctions internationales.

Contre la pauvreté et pour la paix

En Afrique, à cause de la déforestation, de la désertification
et de l’érosion
des sols, les populations rurales deviennent de plus en plus pauvres. Et comme
les ressources vitales-le bois ou l’eau- deviennent de plus en plus rares,
les populations se battent entre elles pour les obtenir. La dégradation
de l’environnement est donc source de conflits et Wangari Maathai l’a
compris. En luttant pour l’environnement, elle lutte aussi contre la pauvreté
et pour la paix.

Pour la première fois depuis la création du Prix Nobel de la
paix, la prestigieuse récompense revient à une femme africaine.
En couronnant Wangari Maathai, le Comité Nobel a tenu à souligner
l’importance de l’environnement: “La paix sur Terre dépend
de notre capacité à protéger notre environnement vivant”.
A méditer…

Céline Teret