vendredi 26 avril 2024

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Après la grève, le front commun

La grève de 60-61 contre la loi unique, une loi d’austérité, a montré les divisions de la société belge de l’époque. Division entre les partis politiques et les syndicats. Division entre les différents syndicats eux-mêmes. Division entre les régions du pays.

La grève de 60-61, ce n’est pas que ça. Malgré les divisions, la grève de 60-61 est un mouvement de la base, un mouvement populaire qui a souvent uni plutôt que divisé.
Cela a des conséquences encore aujourd’hui sur la façon dont les gens se battent. Pour en témoigner, lisons Jean Verjans [1]Interviewé dans le journal La Libre Belgique en 2010.. En 1960, Jan Verjans était secrétaire pour la région de Liège du Mouvement ouvrier chrétien et militant syndical CSC.

«La loi unique punissait encore une fois ceux qui ont le moins.»

« Ce plan d’austérité était une pilule impossible à avaler. Il était question de pertes d’emplois et de salaires. Après avoir subi deux guerres, la population avait peur de se retrouver une fois de plus dans le désarroi. Cette loi était peut-être nécessaire mais elle punissait encore une fois ceux qui ont le moins. »

«Le MOC et la CSC voulaient embrayer avec plus de précautions.»

Sur la prudence du syndicat CSC qui s’est tenu à l’écart du mouvement de grève de la FGTB dirigé par le syndicaliste André Renard, il dit :
«Le MOC et la CSC comprenaient et approuvaient les idées de Renard mais voulaient embrayer avec plus de précautions. J’ai assisté à l’assemblée générale de la CSC du 26 décembre 1960 et à l’annonce que le syndicat chrétien n’était pas prêt à faire la grève générale, notamment à cause de son caractère révolutionnaire.»

«C’était scandaleux»

A la base, beaucoup de travailleurs chrétiens ont quand même suivi le mouvement de grève. Et un cardinal, le cardinal Van Roey, a appelé les travailleurs chrétiens à arrêter la grève. A ce propos, Jean Verjans dit :
 «C’est un discours qui est très mal passé chez les militants comme chez les dirigeants de la CSC. C’était scandaleux, un mépris total de la situation réelle des gens. Le dirigeant de la CSC lui-même a déclaré à la radio : “Monseigneur, occupez-vous de l’Eglise et laissez-moi m’occuper du syndicat”. Depuis, jamais plus un évêque n’est intervenu dans les affaires publiques et sociales du pays.»

«Les premières actions syndicales en front commun ont vu le jour.»

Sur ce qu’a apporté la grève, il dit :
Cela a permis de lancer l’idée de réformer les structures, du fédéralisme. La grève a permis également de jeter les bases d’un Mouvement populaire wallon. C’est aussi au lendemain de la grève que les premières actions syndicales en front commun ont vu le jour, avec un respect mutuel nouveau. Auparavant, la FGTB et la CSC étaient en dure concurrence. D’un point de vue idéologique, cela a aussi déclenché une certaine liberté de pensée au sein des syndicats, une conception syndicale indépendante des partis politiques et des croyances religieuses.

Une réponse

  1. Après la grève, le front commun
    Aujourd’hui, c’est plus possible de faire des grandes grèves comme ça. Déjà, quand on fait grève un jour, on est accusé de violences, de blocages et tout ça. Et puis souvent, les syndicats ne sont pas d’accord entre eux. A l’époque, c’était seulement la FGTB qui avait appelé à la grève, c’est mon père qui me l’a dit, il a participé au mouvement de 60, mais des travailleurs de la CSC ont aussi participé malgré l’avis de leur syndicat. Mais aujourd’hui, pour avoir une chance que ça change, il faudrait que les 2 syndicats soient d’accord et ce n’est pas facile d’être d’accord pour faire une longue grève ensemble. Dans les réactions des syndicats et leurs idées, parfois je trouve que la FGTB a raison et parfois sur d’autres sujets, je trouve que c’est la CSC.

    Hugo

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