vendredi 26 avril 2024

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Débats

Privés de sécu?
Ces dernières années, en plus de la sécu, on peut se protéger contre des risques sociaux par une assurance personnelle: assurance-hospitalisation ou «épargne pension», par exemple. Ou encore, dans des grandes entreprises, les travailleurs peuvent bénéficier d’une assurance-groupe. Ce sont des protections supplémentaires, en plus de la sécurité sociale. Des assurances privées qui protègent mieux certains. Certains et pas tous.

Ainsi, si vous n’avez pas les moyens de payer une assurance, si vous travaillez dans une entreprise ou un secteur économique faible, vous n’en bénéficiez pas. L’argent versé pour les assurances privées ne sert pas la collectivité, la société dans son ensemble. Cet argent-là n’est pas «socialisé» comme les cotisations sociales.
Certains veulent encourager ces assurances privées. Mais cette idée pourrait amener à limiter au maximum la sécu de base.

Cette «privatisation» vient aussi du fait que la sécurité sociale s’est construite dans et par le travail. Les prestations de la sécu sont une forme de salaire. Or, aujourd’hui, les cotisations perçues ne suffisent plus. Et les réductions de cotisations patronales aggravent encore la situation. Il faudrait donc trouver une autre forme de financement. Par exemple, certains parlent d’une «taxe sur les robots». D’autres veulent favoriser les entreprises qui créent leur valeur en engageant des travailleurs plutôt qu’en utilisant uniquement du capital.

Activez-vous !
Pour sortir de la crise économique et de la crise de la sécurité sociale, les partis et responsables politiques ont essayé plusieurs recettes. Dans les années 1980, ils ont diminué les dépenses publiques pour diminuer la dette. Ils ont fait des «cadeaux aux entreprises» pour diminuer le coût du travail donc aussi les cotisations sociales.

Depuis 2000, le gouvernement belge et d’autres gouvernements sont entrés dans ce que l’on appelle «l’Etat social actif». L’Etat est toujours social: il organise la protection sociale. Mais il «active» aussi les allocations données. Le plan «Activa», par exemple, réduit les cotisations pour que le patron engage un chômeur. Et le patron profite aussi de l’allocation versée au chômeur pendant un certain temps. Mais on veut aussi «activer» les allocataires sociaux, les «réveiller». Bref, on veut que celles et ceux qui reçoivent des allocations sociales soient responsables. On peut être d’accord. Avec la crise économique, le chômage de masse, on peut vite perdre espoir, se satisfaire d’une petite allocation et donc ne plus «s’activer» pour trouver un emploi. C’est donc plutôt bien que l’on accompagne les chômeurs, qu’on améliore la formation professionnelle, les politiques d’insertion et de prévention de l’exclusion. D’ailleurs, la plupart des chômeuses et chômeurs veulent bien s’activer. Mais le problème est toujours le même. Pour quel emploi à la clé ? Et pour combien de temps ?

A la recherche d’un modèle européen
«Si j’essaie de définir ce qui est typiquement européen, par rapport au modèle américain ou chinois, je dirais que nous combinons la responsabilité individuelle et la solidarité collective. Mais il n’existe pas de modèle social européen. Chaque pays a ses traditions. Il est inutile d’essayer d’unifier nos systèmes sociaux. Dans chaque pays, on dépense à peu près la même chose en proportion dans le social, mais avec des méthodes différentes.» Ce sont les mots de Günter Verheugen, vice-président de la Commission européenne, principal pouvoir de l’Union. C’est un propos de «sage». Pendant 20 ans, on a cherché en Europe le pays modèle. Quel pays de l’Union européenne a le moins de chômage et garde une certaine protection sociale?

Dans les années 80, on parlait du modèle allemand. Après la chute du Mur et la réunification avec l’Allemagne de l’est, l’image de rêve du modèle allemand s’est cassée. Il y a eu le modèle néerlandais : le chômage était très bas aux Pays-Bas. Puis, en regardant les chiffres de plus près, on s’est aperçu que beaucoup de gens ne travaillaient pas et recevaient une pension d’invalidité de l’Etat. Ils n’étaient plus sur le marché du travail alors que dans d’autres pays, ils auraient été repris sur la liste des chômeurs.

Ces dernières années, c’est le modèle de l’Europe du Nord qui est à la mode : Danemark, Finlande, Suède. Un marché du travail souple, un chômage faible. Dans ces pays, patrons et syndicats se concertent beaucoup. La population paie des impôts très élevés. Et ce sont des pays avec peu d’habitants.

Difficile donc de définir un modèle. Il faut comparer ce qui est comparable. On ne réglera pas le problème du chômage et de la protection sociale en Europe, en construisant des banques partout comme au Luxembourg. Ou en faisant de l’Union, un paradis fiscal comme la principauté de Monaco!

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