« Un jour, on se souviendra avec honte qu’en France, au début du 21e siècle, une démocratie, son État, ses gouvernants et ses juges ont criminalisé ce geste élémentaire d’humanité : la solidarité. » L’accusation est lourde. C’est le journaliste Edwy Plenel qui accuse ainsi. Car en France, la justice a condamné un homme qui aidait les migrants. Cet homme, c’est Cédric Herrou. Cédric Herrou est un fermier des Alpes maritimes, région de France à la frontière avec l’Italie. Cédric Herrou aide les migrants.
Coupable d’aider les migrants
Depuis 2015, Cédric Herrou aide les migrants qui veulent passer d’Italie en France. Il en a caché dans sa voiture pour traverser la frontière. Il en a logé une cinquantaine dans une gare française abandonnée. Le 8 août 2017, Cédric Herrou a été condamné à 4 mois de prison avec sursisSuspension de la peine qui ne sera pas faite à condition que la personne ne fasse plus d'infraction pendant un certain temps. et 1 000 euros d’amende. Cédric Herrou n’est pas le seul citoyen en France et dans d’autres pays d’Europe à aider les migrants.
Beaucoup de citoyens estiment que leur pays et l’Europe n’ont pas une politique humanitaire envers les migrants. Ils aident donc les migrants à la place de leur gouvernement. Dans son petit livre, le journaliste Edwy Plenel souligne l’action de ces citoyens. Des citoyens regroupés souvent en associations.
Edwy Plenel montre en exemple, le président de SOS Méditerranée. SOS Méditerranée a un navire, l’Aquarius, qui sauve les migrants qui risquent de se noyer en traversant la Méditerranée. Ce président, Francis Vallat, a occupé de hautes responsabilités dans le monde maritime français, il dit : « La Méditerranée, on peut s’y baigner, pêcher, y passer du bon temps, mais on ne peut pas non plus regarder ailleurs, on ne peut pas laisser mourir les migrants sans les aider. »
Sauver l’âme de l’Europe
Pour Francis Vallat, comme pour Edwy Plenel, l’Europe est face à un défiDémocrate fédéraliste indépendant. Jusqu'en 2015, c'était le FDF (Fédéralistes démocrates francophones). Au départ, parti centré sur la défense des francophones de Bruxelles. humanitaire qu’elle n’a plus connu depuis les deux guerres mondiales du 20e siècle. « L’Europe a rendez-vous avec son âme ». Et l’âme de l’Europe, c’est, entre autres, les devoirs d’hospitalitéle fait d'accueillir quelqu'un sous son toit. Plus généralement, le fait de faire un bon accueil à quelqu'un qui nous est étranger. et la solidarité. Mais les Etats et l’Europe ne font pas face à ces devoirs envers les migrants. La France condamne même ce devoir de solidarité en condamnant Cédric Herrou parce qu’il a aidé les migrants.
Pourtant, écrit Plenel, qu’apprend-on dans les écoles de France ? Dans les programmes scolaires, la solidarité arrive juste après la deviseformule brève qui indique une règle, une pensée républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité ». Et toujours dans les programmes de l’éducation nationale, on lit que « la jeunesse doit développer une aptitude à vivre ensemble portée par l’humanisme. » Pour Plenel, la solidarité et le devoir d’hospitalité envers les migrants, c’est l’âme de l’Europe.
Sauver l’Europe
Edwy Plenel rappelle que le nom d’Europe vient du nom d’une divinité grecque et que Zeus, dieu suprême dans la mythologie grecque, est aussi le dieu de l’hospitalité. Et Plenel montre que cette idée d’hospitalité traverse les textes du droit international, des droits de l’homme. Cette idée d’hospitalité est dans les plus grandes philosophies. En plus, ce n’est pas par simple humanisme, par simple morale, qu’il faut aider les migrants.
Edwy Plenel cite des chercheurs qui expliquent que l’on nous fait voir la migration comme anormale alors que c’est la chose la plus normale du monde. « L’humanité est en mouvement » dit Plenel. Les gouvernements européens refusent cette réalité. À cause de la politique européenne, 40 000 migrants sont morts depuis 2 000 en essayant de rejoindre l’Europe. Plenel cite encore le grand historien et philosophe Pierre Vernant, résistant aux occupants nazis pendant le guerre 40-45 : « Demeurer enclos dans son identité, c’est se perdre et cesser d’être (…) On se connaît, on se construit par le contact, l’échange avec l’autre. » Non, nous dit Plenel, l’humanité n’est pas assignée à résidence.
Le devoir d’hospitalité, Edwy Plenel, Editions Bayard
3,5 euros en France, 3,95 euros en Belgique