vendredi 26 avril 2024

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Les mots de la grève

Grève

Faire grève, c’est arrêter le travail parce qu’on réclame quelque chose au patron ou au gouvernement et qu’on n’est pas d’accord avec eux.
Le mot « grève » vient d’une place de Paris qui s’appelait la place de Grève. On l’a appelé place de Grève car elle était au bord d’une plage de sable et de gravier. La place de Grève était donc un port pour les bateaux qui amenaient des marchandises à Paris. Et il y avait aussi un marché. Il y avait beaucoup d’activités et donc beaucoup d’emplois. Les hommes sans travail venaient sur la place pour se faire embaucher. « Faire grève » a d’abord voulu dire être sur la place de Grève en attendant du travail. Le mot a donc changé de sens : on a un travail mais on décide de ne rien faire pendant un certain temps pour montrer qu’on n’est pas content. Pour rappeler l’origine du mot « grève », les grévistes ont une blague sur ceux qui profitent de la grève pour prendre un jour de congé, ils disent : « Ceux-là, ils font la grève mais ils vont à la plage… »

Grève générale ou grève interprofessionnelle

C’est quand il y a grève dans tous les secteurs de l’économie et de l’administration. C’est une grève qui paralyse tout le pays.

Grève générale au finish

C’est une grève générale qui dure jusqu’au moment où les travailleurs ont ce qu’ils demandent, jusqu’à la fin. A chaque grève, la « grève générale au finish » est le slogan des gauchistes.

Grève du zèle

Ce sont souvent les policiers, les douaniers ou les gens de l’administration qui font la grève du zèle. Plutôt que de ne pas travailler, ils travaillent et appliquent le règlement dans tous les détails. Résultat : les gens doivent attendre longtemps avant de pouvoir passer ou d’avoir un renseignement.

Grève à la japonaise

Au Japon, les travailleurs qui font grève travaillent mais mettent un brassard pour dire qu’ils ne sont pas d’accord avec le patron. Les vrais grévistes d’ici appellent « grévistes japonais », les travailleurs qui disent qu’ils comprennent la grève mais qui vont quand même travailler.

Quand on travaille sans travailler

Ce n’est pas une vraie grève. C’est par exemple les policiers qui patrouillent mais qui ne donnent aucun procès.

Piquet

Une grève sans piquets n’est pas une vraie grève. Un piquet, c’est un groupe plus ou moins important de travailleurs en grève qui bloquent l’entrée d’une usine ou d’un magasin pour empêcher que les non-grévistes n’aillent travailler. Comme ils restent debout devant les portes de l’entreprise, ils sont comme des « piquets ». Il y a les piquets qui restent la journée ou presque devant la même entreprise, il y a aussi les « piquets volants ». Ce sont des groupes de travailleurs habitués aux grèves et très décidés : on les appelle pour renforcer des piquets plus faibles qui ont difficile de résister devant ceux qui veulent travailler.

Gros bras du syndicat

Les gros bras sont les ouvriers qui font un travail dur et pénible et qui sont des syndicalistes convaincus et décidés. Le gros bras par excellence, c’est le sidérurgiste mais aussi le cheminot ou le travailleur dans l’automobile. Dans une grève ou une manifestation, on les met aux endroits les plus « chauds », là où il risque d’y avoir de grandes tensions. En France, il y a une expression « les gros bras de la CGT ». La CGT est le syndicat français le plus dur.

Front commun

Une « bonne » grève, une grève efficace, doit se faire en front commun. C’est-à-dire qu’au moins deux syndicats appellent ensemble à la grève. Généralement, c’est la FGTB et la CSC qui agissent en front commun. La CGSLB est plus petite et moins agressive et ne se met pas toujours dans le front commun. La CGSLB a fait front commun pour les grèves de novembre et décembre 2014.

Les rouges, les verts et les bleus

En Belgique, c’est ainsi que l’on appelle les militants de chaque syndicat. Les rouges parce que c’est la couleur de la FGTB. Les verts parce que c’est la couleur de la CSC. Et les bleus parce que c’est la couleur de la CGSLB.

Jaune

On appelle « jaune », un travailleur qui veut travailler ou qui travaille un jour de grève. Un jaune, c’est un «briseur de grève». Il semble que le mot vienne de France. En 1899, des mineurs refusent de participer à une grève. Les mineurs en grève jettent des pierres dans les vitres du lieu de réunion des non-grévistes. Ceux-ci remplacent les vitres par du papier jaune. On les a donc appelés les « jaunes ».
En plus dans l’histoire, le jaune symbolise la trahison. Par exemple, dans les anciennes peintures chrétiennes, Judas qui a trahi Jésus-Christ est habillé en jaune.
« Jaune », c’est donc une injure et on rajoute même souvent un adjectif et on dit: »Sale jaune! »

Indépendant, commerçant

Le jour de grève, l’indépendant est, avec le jaune, l’ennemi du gréviste. L’indépendant est empêché de faire son travail et il pense que la grève ne le concerne pas. Pour lui, la grève est un scandale. Certains grévistes appellent cette sorte d’indépendants et de commerçants des « poujadistes ». Du nom d’un député français, Poujade, qui défendait les indépendants avec des idées anti-démocratiques et même d’extrême droite. Mais tous les indépendants ne sont pas comme ça. Des commerçants décident parfois de fermer en solidarité avec les grévistes. Pour essayer de convaincre les indépendants, les syndicats disent que si les travailleurs ont moins d’argent, ils dépenseront moins d’argent chez les indépendants et les commerçants.

Jour de grève, Jour de fête ?

On pourrait penser que le travailleur en grève s’amuse. En fait, pas tant que ça. S’il fait grève, c’est parce qu’on s’attaque à son salaire, à sa pension, aux droits sociaux en général. Ce n’est pas gai. En plus, son patron ne le paie pas le jour de grève puisqu’il ne travaille pas. A la place, en Belgique en tout cas, il touche 30 euros de son syndicat. Beaucoup moins que son salaire… Ce n’est donc ni gai ni facile de faire grève.
Mais un jour de grève peut être un jour de fête. Faire piquet, c’est être entre camarades, c’est un collectif. Si on ne se connaît pas, on se parle pour apprendre à se connaître. Souvent, on refait le monde. Les plus anciens racontent leurs souvenirs de « belles « grèves ». Celles qui ont duré longtemps et où on a gagné quelque chose. Les plus festifs font un barbecue. Dans un piquet, il y a toujours une certaine fraternité. Et quand il y a une grève de plusieurs jours, parfois dans les piquets, naissent de vraies histoires d’amour…

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