jeudi 28 mars 2024

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Les droits civiques, une histoire pas si ancienne

1951. A Topeka, dans le Kansas, un Etat des Etats-Unis d’Amérique. Linda Brown, une écolière, ne peut pas s’inscrire à l’école primaire qui est près de chez elle. Linda est une petite fille noire et cette école est réservée aux Blancs. Linda doit donc aller à une école bien plus loin de chez elle qui est réservée aux enfants de couleur. Son père va en justice. En 1954, la Cour suprême des Etats-Unis rend une décision qui donne raison au père de Linda. Cela marque la fin de la ségrégation raciale dans les écoles publiques.

1955. A Montgomery, en Alabama. Une femme noire, Rosa Parks, est assise à l’avant d’un bus, dans la partie réservée aux Blancs. Lorsqu’un homme blanc monte à bord, elle refuse de lui laisser sa place. Elle est arrêtée, mise en prison et condamnée à une amende. Pour protester, la population noire va organiser un système de covoiturage pour ne plus prendre les bus publics. Le Mouvement des droits civiques a soutenu ces deux combats pour les droits des Noirs. Ces deux combats et bien d’autres.

Contrer la ségrégation

Le Mouvement des droits civiques est un grand mouvement non-violent qui lutte pour que les Noirs aient les mêmes droits que les Blancs aux Etats-Unis. Il a vraiment démarré dans les années 1950. Même si des Blancs soutiennent ce mouvement, ce sont surtout les Noirs, les Afro-Américains, qui s’unissent pour lutter contre la ségrégation raciale. Au départ, la principale revendication est d’assurer le droit de vote pour les Noirs. En effet, selon la loi américaine, les Noirs peuvent voter, mais dans certains Etats du Sud des Etats-Unis, les autorités empêchent les Noirs d’exercer leur droit de vote.

Cette inégalité de droit est un des exemples de la ségrégation qui organise la vie en société aux Etats-Unis depuis presque un siècle. Pourtant, l’esclavage a été aboli en 1865 aux Etats-Unis. Mais il a été remplacé par des lois et des règlements qui séparent les « gens de couleur » des « gens blancs de peau » surtout dans les Etats du Sud des Etats-Unis. Dans ces Etats, Noirs et Blancs ont des espaces réservés : toilettes, écoles, salles d’attente, etc. Les espaces réservés aux Noirs sont souvent beaucoup moins confortables que ceux réservés au Blancs. Les Noirs n’ont pas de droit de vote, peu d’accès à l’emploi, au logement ou à la justice. Ils doivent fréquenter des écoles différentes et n’ont pas accès aux études universitaires. Et les mariages mixtes sont interdits dans certains Etats du Sud.

Petites et grandes victoires

Le Mouvement des droits civiques lutte donc pour l’égalité des droits dans la loi et dans les faits. De plus en plus d’hommes et de femmes y participent. Le pasteur Martin Luther King anime ce mouvement. Il est élu à la tête de l’organisation SCLC (Conférence des chrétiens dirigeants du Sud). En 1963, la SCLC fait une campagne dans la ville très ségrégationniste de Birmingham (Alabama) pour dénoncer au monde entier les politiques de ségrégation raciale. La même année, le mouvement organise la Marche sur Washington pour l’emploi et la liberté. Elle réunit entre 200 000 et 300 000 personnes, surtout des Afro-Américains. C’est là que Martin Luther King prononce son célèbre discours « I have a dream » (« J’ai un rêve »).

Martin Luther King est le symbole du Mouvement des droits civiques, mais d’autres groupes à la même époque vont se battre pour les droits des Noirs. Entre autres, la NAACP (Association nationale pour la promotion des gens de couleur), la SNCC (Comité de coordination non-violent des étudiants) ou encore, des groupes plus radicaux. Le Mouvement des droits civiques remporte des petites et des grandes victoires. En 1962, James Meredith est le premier étudiant noir à entrer dans une université de l’Etat du Mississippi malgré de violentes manifestations de Blancs ségrégationnistes. En 1964, Sidney Poitier est le premier homme noir à remporter l’Oscar du meilleur acteur.

Des drames

Il y a aussi des drames. Le Ku Klux Klan était toujours actif dans certains Etats du Sud. Le KKK continue à intimider, par la violence, les Noirs qui veulent faire valoir leurs droits : par exemple, le droit de s’inscrire comme électeur. Des militants pour les droits civiques sont menacés, battus, assassinés. Alors que le Mouvement des droits civiques se veut non violent, des manifestations sont parfois sévèrement réprimées. Notamment un des trois marches de Selma à Montgomery en Alabama en mars 1965.

Parmi les grandes victoires, il y a très certainement deux moments historiques sur le plan légal. En juillet 1964, le président Lyndon Johnson signe une loi qui interdit toute discrimination basée sur la race, la religion, la couleur de peau, le sexe ou l’origine. C’est le Civil Rights Act. Ce texte annule toutes les lois ségrégationnistes des Etats-Unis. Un an plus tard, en août 1965, une loi garantit enfin le droit de vote des Noirs dans tous les Etats-Unis d’Amérique, y compris les Etats du Sud qui empêchaient les Noirs de voter. C’est le Voting Rights Act.

Mais la situation ne s’améliore pas du jour au lendemain. La population noire continue à subir des discriminations et de violences. Des émeutes raciales éclatent dans différentes villes des Etats-Unis fin des années 60. A cette période, naît l’expression Black Power (pouvoir noir). Des mouvements plus radicaux comme le Black Panther Party voient également le jour. Ces mouvements demandent que les lois pour l’égalité soient vraiment respectées et revendiquent la violence pour se protéger des agressions (commises notamment par les policiers blancs) contre la communauté noire.

Encore aujourd’hui

Aujourd’hui les Etats-Unis n’en ont pas encore fini avec les questions raciales et les discriminations. En 2015, les manifestations de Ferguson, au Missouri, suite à la mort d’un jeune homme noir abattu par un policier blanc, montrent que les tensions raciales sont encore très présentes. Mais le Mouvement des droits civiques des années 50 et 60 a permis de grandes avancées pour la communauté afro-américaine. Ce mouvement et ses combats ont marqué profondément l’histoire des Etats-Unis et restent dans les mémoires.

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